Les origines
La chèvre de race pyrénéenne est une chèvre autochtone à poils longs souvent noirs, qui peuplait traditionnellement tout le massif des Pyrénées, du haut Conflent aux Pyrénées-Atlantiques, où elle était réputée pour la richesse de son lait et l’aptitude laitière de certaines de ses souches. Présente en petites troupes de 5 ou 6 dans les troupeaux d’ovins à vocation viande, elle constituait, en estive, un apport de lait frais nécessaire pour le berger et ses chiens.
Ce lait était également très consommé en ville. Entre 1870 et 1930, certains chevriers béarnais se rendaient à Paris et dans le Nord de la France pour vendre le lait directement au consommateur. Vers 1900 on comptait environ 1 500 chèvres des Pyrénées dans les rues de Paris ! La traite se faisait devant le client, tout simplement… Pour en savoir plus sur l’épopée des Chevriers Bearnais.
Ce petit métier disparut progressivement après la première guerre mondiale, avec l’apparition de l’automobile, l’intensification de la circulation et les progrès des techniques de conservation et de transport des produits laitiers.
Les cartes postales ci-dessous proviennent de la collection de Jean Noël Passal :
La sauvegarde
La population de chèvres des Pyrénées est passée de 70 000 caprins en 1852 à 50 000 en 1957. Au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle, les effectifs ont fortement régressé. Suite à l’exode rural, à l’élimination des chèvres dans les zones forestières, et à la concurrence des races sélectionnées (Alpine, Saanen), la chèvre des Pyrénées était considérée comme quasiment disparue au début des années 90. C’est à ce moment là et dès les années 80 des éleveurs passionnés ont commencé à rechercher des animaux de race pyrénéenne pour les acheter et faire revivre la race.
Un premier inventaire des animaux et des troupeaux a été réalisé, à partir de 1993, conjointement par le Conservatoire du Patrimoine Biologique Régional de Midi-Pyrénées et le Conservatoire des Races d’Aquitaine en partenariat avec l’INRA, l’Institut de l’Elevage et le Syndicat Caprin Inter-départemental. Différentes actions ont alors été engagées afin de gérer au mieux cette population (inventaires des troupeaux, création de troupeaux conservatoires, cryoconservation, mise en place du contrôle laitier, …).
De la sauvegarde à la valorisation et au développement
En 2004, les éleveurs ont souhaité se structurer en association. L’association la Chèvre de race pyrénéenne s’est donc créée avec l’ambition de sauvegarder et de développer cette race à caractère patrimonial, dans la continuité des actions entreprises auparavant. Notre souhait est de mettre en avant la chèvre de race pyrénéenne comme support de développement durable en montagne, afin d’assurer la préservation et la valorisation socio-économique de cette race patrimoniale.
En 2010, on recensait déjà près de 3300 chèvres et 300 boucs ce qui témoigne de l’existence d’une population caprine très vivace répartie d’est en ouest sur la chaîne Pyrénéenne. Il existerait au total une dizaine de souches correspondant à des berceaux d’origine différents.
Un livre généalogique est en place depuis 2019 dans le cadre de l’application du Règlement Zootechnique Européen. La qualification des animaux est basée sur le standard et sur la filiation des animaux (il s’agit pour le moment d’un livre « ouvert »). Depuis 2022, les effectifs se stabilisent autour de 5000 chèvres des Pyrénées répertoriées.